La Mort de la Vierge : l’interprétation de Caravage

La Mort de la Vierge fait référence au passage entre le monde terrestre et le monde céleste de la Vierge Marie. C’est un sujet religieux récurrent dans l’histoire de l’art. Dans presque toutes les toiles qui traitent ce sujet, l’atmosphère sacrée prédomine sur le reste.

La représentation originale du sujet sacré par Caravage

Le peintre part d’une conception naturaliste de la religion selon laquelle les saints sont avant tout des hommes de chair et de sang. Le personnage n’est donc pas idéalisé avec l’artiste. À ce titre, le peintre revoit toute la mise en scène de la représentation : la Vierge est représentée sous les traits d’une femme au corps non seulement ravagé par la mort, ce que l’on voit à travers les jambes gonflées, la peau verdâtre et le visage troublé, mais aussi non conforme à l’iconographie par son ventre arrondi suggérant qu’elle est enceinte.

Saraceni et Caravage : le choc des idéaux

Si l’on compare la version de Caravage et celle de Carlo Saraceni (1579-1620) peinte vers 1610, on peut avoir une idée de la révolution apportée par Caravage. Que ce soit au niveau de la mise en scène, de la dimension sacrée ou de la représentation de la Vierge, pour un même sujet il est possible de disposer et de représenter les éléments différemment, ce qui révèle deux intentions distinctes : là où Caravage prône une mise en scène réaliste autour d’une Vierge humanisée à l’extrême, Saraceni préfère isoler le monde céleste de celui des hommes.

La Mort de la Vierge - Saraceni, 1610